CHAP 6 PRESENTATION
LES SŒURS FRANCISCAINES
Il y a dans la vie ecclésiale des taches caritatives que seules les sœurs peuvent accomplir avec beaucoup d’aisance.
Le Père Titus avait beau essayé de s’occuper du dispensaire (il avait certainement rendu d’énormes services), mais la main tendre et consolante d’une sœur, s’avérait indispensable. Qui donc pourrait mieux éduquer les mamans à l’art culinaire ou à la couture ? Et les consultations prénatales ? Qui accueillerait un bébé avec un cœur de mère ou l’orpheline « Kashal » avec tant d’affection ! Et l’ordre à la sacristie ou la façon de disposer une fleur…
Ce sont-là des bagatelles. L’essentiel d’une vie religieuse ne consiste pas dans ces niaiseries. Nous voulions seulement souligner le fait que la présence des sœurs à Kapanga était ardemment souhaitée et attendue comme une bénédiction. Finalement c’est le 02 septembre 1948 qu’arrivèrent à Ntita les six premières sœurs franciscaines. Un certain monsieur DEBIE, directeur de la société cotonnière (COTONCO) leur facilita le transport en mettant à leur disposition un grand camion qui les prit toutes de Dilolo-Poste à Kapanga.
Le vœu d’avoir une maison des sœurs à Kapanga remonte déjà aux années 1930. Et en 1938, une première délégation y fut envoyée pour faire connaissance avec le milieu et chercher un endroit idéal où s’élèverait le futur couvent des sœurs. Elle était conduite par la sœur Supérieure, Mère MARIE DE L’IMMACULEE CONCEPTION (Source : Willy SMEET).
Les travaux de construction débutèrent pratiquement la même année sous la supervision du Père Titus. Petit à petit, la maison prenait forme, c’est après dix ans qu’elle pouvait passer pour habitude. En plus du couvent, dès leur arrivée en 1948, les sœurs ont commencé la construction d’un nouveau dispensaire et d’un internat destiné aux filles. C’est avec ces atouts que les sœurs se lancèrent dans leur apostolat à Kapanga.
Pour nous aider à reconstituer le passé, nous avons fait recours aux premiers témoins de cette arrivée en la personne de sœur IRMA HELDERWEIRDT (Jean-François) et de sœur MARIE-JOSE HEYNSSENS (Joseph Auguste), toutes les deux, elles-mêmes cofondatrices de la communauté franciscaine féminine de Kapanga. De l’Europe où elles vivent maintenant, elles nous ont transmis ce récit à la fois plein de compassion, de rire et d’admiration :
Préparatifs et fondation…
La préparation de la fondation se fait à Dilolo-Poste. Sœur Jérôme s’y trouve. Sœur GUDDENE et Sœur Jean-François viennent l’y rejoindre, un mois avant le grand déménagement.
Début Aout 1948, Monsieur DE BIE, directeur de la société cotonnière « Cotonco » arrive avec son grand camion pour tout transporter : lits, matelas, armoires, tables, chaises, pots, casseroles, marmites, seaux, bassins… Sœur Jérôme et sœur Jean-françois s’installent à 2h30 du matin dans le camion et… en route pour 340 km. Au cours de la journée, passage de la Lulua sur un radeau très primitif, qui peut tout juste transporter un camion, avec lenteur et prudence. Sœur Jean-François a la chance de traverser en pirogue, un « bâtiment » où l’eau s’infiltre continuellement et dont l’un des « bateliers » a la charge de puiser l’eau à la pelle pour la relancer à la rivière. Quel merveilleux souvenir ! Après une heure de navigation, on continue courageusement la route. Vers midi, nous arrivons à Kapanga. Le Père Godard, qui remplace le Supérieur P. Marcel VAN IN en congé, nous reçoit chaleureusement ; il nous offre un excellent repas suivi d’une tasse de café. Nous allons ensuite jeter un coup d’œil sur notre nouvelle maison, cachée dans les herbes de 4 m de hauteur. Le sol de la moitié du bâtiment est de la fine herbe séchées ; le reste, des bancs de sable. Les portes extérieures sont démunies de serrures et de clinches. Dans la chapelle, ni pavé, ni autel : des murs nus. A quelques mètres de là une école en construction qui attend ses portes et fenêtres. Plus loin un petit dispensaire, composé d’une barza avec bancs d’attente et deux pièces, cache une hutte pompeusement baptisée : « salle de stérilisation ». Nous y trouvons, sur un feu de bois au centre, une casserole enfumée recelant des trésors : 3 seringues, quelques aiguilles, 2 pinces anatomiques et une paire des ciseaux. A coté, la maison de l’infirmier Denis, sa femme Salomé et leurs six enfants. Le brave homme parle un français correct : aussi faisons-nous facilement connaissance. Mais voilà que les Pères, Frères et quelques travailleurs arrivent pour nous aider à décharger le camion et mettre tout en place. Travail ardu couronné par un souper bienvenu, puis c’est le repos auquel nous aspirons. Les Pères invitent M. DE BIE à loger dans leur couvent aux nombreuses chambres. Ils nous offrent également l’hospitalité au cas où nous aurions peur de dormir dans nos locaux sans fermeture. Nous les remercions, mais préférons rentrer chez nous. Blotties sur nos couchettes, nous nous efforçons, en vain de dormir : lions et tigres ne viendront-ils pas nous visiter ? La nuit blanche passée, nous filons de bon matin vers Sandoa, 223 km, pour partager le diner avec nos consœurs. Ensuite encore 140 km vers Dilolo-Poste où nous arrivons vers 17h00. Il faut attendre là-bas quelques jours la venue du renfort des trois autres fondatrices. Nous en profitons pour explorer la région : par des routes assez convenables, coupées de ponts de bois très branlants, nous découvrons quelques hameaux perdus dans la brousse et avons une idée de notre nouvel environnement…
Installation définitive et réception officielle…
Arrive le jour tant désiré du vrai départ pour l’installation à Kapanga. Le 02 septembre 1948, M. DE BIE nous donne à nouveau son grand véhicule pour entasser tout ce qui doit partir encore : six sœurs et un tas des cartons, paquets, paniers, sacs, valises… Tout est serré en longueur, largeur et hauteur. La bâche qui recouvre l’ensemble sera bientôt partiellement déroulée pour permettre de respirer, car il fait très chaud ! Nous faisons halte à Sandoa pour la nuit et l’eucharistie du lendemain matin. Puis dans un grand enthousiasme, nous reprenons l’étape finale. Bosses et fosses rencontrées ne font qu’accentuer la gaieté du voyage… Comme le tapis de poussière qui nous recouvre de la tète aux pieds : c’est encore la saison sèche et le sable s’en donne à cœur joie !
Seuls quelques badauds intrigués nous observent à l’arrivée à Kapanga, car les villages sont assez loin de la mission… Mais un accueil franc et chaleureux des Pères et Frère nous attend : un bon diner arrosé de ce vin généreux qui réjouit le cœur de l’homme !
Le lendemain matin, au travail pour l’installation des locaux. Chacun s’ingénie à tirer parti de peu pour trouver l’utile et nécessaire. Au fil des jours tout s’arrange et l’ordre règne. Frère Emiel nous apporte souvent pommes de terre, viande, légumes et fruits, de même que du bon pain, beurre, œufs et lait de leur propre ferme.
Au retour de congé du Père Marcel, Supérieur, c’est la réception officielle des sœurs.
Monseigneur STAPPERS, Ofm ; la Communauté des Pères ; Mwant Yav, le grand Empereur des lundas avec ses notables, arrivent solennellement. Une foule bruyante, enthousiaste, fait cortège pour ovationner Sœur Provinciale et les six fondatrices. Musiciens, chanteurs, batteurs de tam-tams, danseurs s’en donnent à cœur joie. L’unique cheval de la contrée montre fièrement sa crinière brossée et lustrée. Il fait partie de la danse !
La fête se poursuit jusqu’au coucher du soleil dans l’enthousiasme de l’accueil africain… Avant de prendre du repos, nous faisons avec Monseigneur et Franciscains, une belle prière de reconnaissance pour cet accueil chaleureux, et nous confions au Seigneur et à Marie, notre Mère, le nouveau champ d’apostolat qu’il nous confie…
L’achèvement de la maison se fait petit à petit. En octobre la chapelle est terminée. A la fête de Saint François, elle est bénie en grande solennité, puis, nous y avons la première messe et l’adoration du Saint-Sacrement exposé.
Vive le Seigneur, le maitre de la moisson, qui habite désormais sous notre toit et attirera à lui toute la région.
Flashes de la vie Communautaire…
Levées avant le jour, nous nous rendons pour la méditation à la chapelle. Elle est faiblement éclairée par l’unique lampe Aladin (au pétrole) qui souvent nous incite à un sommeil furtif. A partir de 18h00, c’est cette pièce de grande valeur qu’on porte, avec précaution, de la cuisine à la salle à manger, puis à la barza de récréation. Les chambres et couloir sortent de l’obscurité grâce aux minuscules lampions faits d’un fil de coton passé dans l’embout d’une seringue, et plongeant dans un flacon vidé d’encre et rempli de pétrole. Lors de l’apparition de lanternes-tempêtes, nous faisons un grand pas en avant !
Pour faire la cuisine et la lessive, nous ne disposons pas de machine. On bout le linge dans un grand chaudron, à l’extérieur, sur un feu de bois. La cuisine se fait sur un petit réchaud à pétrole datant de l’âge de nos grands-mères. D’abord cuisson de potage, ensuite pommes de terre, légumes et viande. Entre-temps, la soupe est devenue froide ; on la remet quelques minutes avant l’heure du repas sur le fameux réchaud… celui-ci travaillant à en perdre haleine, a fini sa course après six mois : il expire ! Une belle solide cuisinière à bois vient le remplacer : merci Seigneur !
La Communauté a reçu de Sandoa six poulettes et coq, installés depuis trois mois à l’arrière de la maison. Un beau midi, pendant le repas où nous écoutons une lecture édifiante, se fait entendre un caquetage inhabituel du coté du poulailler. Sœur Claudiantonia s’écrie : « Ma Mère, un œuf ! » (Nous n’en avions pas jusqu’à présent). Elle disparaît comme uns flèche, pour revenir triomphante avec un joli œuf tout chaud. Naturellement, le silence religieux se métamorphose en éclats de rire et bons propos pour le reste du repas !
La récréation du dimanche se passe souvent à jouer du théâtre. Ce soir, Sœur Jean-François, Sœur Guddène et Sœur Marie-José vont représenter la fuite en Egypte.
Les spectatrices, bien attentives s’attendent à une scène biblique sérieuse. Au lever du rideau, apparaissent Saint Joseph, chargé des paquets, cartons, et d’un sac à outils ; la vierge Marie, un gros ballot sur tête, tenant par la main l’Enfant Jésus qui porte un petit jouet en bois. Tous trois se mettent à courir comme des lièvres sur la grande barza, tandis que le jeune chien, tout heureux de ce nouveau jeu, file à toute allure entre les jambes des voyageurs pour arriver le premier, la queue fièrement relevée, au bout de la piste.
Flashes de la vie Apostolique…
L’Ecole commence avec 80 enfants et une monitrice. Celle-ci ne s’en fait guère pour manquer souvent à l’appel du matin. Sœur Jean-François se présente donc pour la remplacer. Quoique ne connaissant pas la langue, elle répète et crie avec les enfants les leçons apprises par cœur. Un matin, entre soudain par la fenêtre une fillette qui dit un mot à ses compagnes et… le temps d’un éclair, voilà toute la classe envolée ! Complètement ahurie, Sœur Jean-François reste seule dans la pièce. Que faire ?... Une heure plus tard, toutes les élèves arrivent en dansant et en chantant, la monitrice sur leurs épaules… Celle-ci, en cours de route avait eu un échange de mots avec une enseignante de la mission méthodiste. Une de nos enfants avait entendu la dispute ; voyant que sa maitresse ne pouvait se défendre, elle avait couru à l’école appeler au secours. La victoire étant de notre coté, c’est un cortège triomphant qui revient à l’école. Puis, comme si rien ne s’était passé, on commence les cours par une demi-heure restante.
Six mois après la fondation, Sœur Jean-Bosco est mutée et remplacée par Sœur Fernanda-Marta, espagnole. Elle est directrice d’école mais ne connaît presque pas le français. Toute la journée entourée d’enfants, elle apprend rapidement le lunda mais le parle avec l’accent espagnol. Toutes ses élèves la comprennent aisément et avec l’aide de l’Esprit, elles connaissent le catéchisme à la perfection. Nous trouvons cela miraculeux : car en communauté, lunda, français, espagnol, s’entremêlant dans son langage, on la comprend très difficilement. « Sa langue » est restée célèbre à Kapanga où elle est demeurée pendant les dix ans de présence des Sœurs Franciscaine (F.M.M).
Parfois, nous allons visiter les gens dans leurs villages. Armées de quelques bonnes tartines, nous partons de grand matin à pied, n’ayant ni vélo, ni moto, ni voiture à notre disposition. C’est bien tard que nous revenons chez nous, le sac à provision bien plein d’œufs que les personnes visitées nous ont remis par reconnaissance. Voir les sœurs dans leurs maisons était pour ces gens une joie entièrement partagée par nous…
Le travail médical commence pour Sœur Joseph Auguste et l’infirmier Denis par la visite d’une quinzaine des malades au dispensaire. Après deux semaines leur nombre est doublé et la centaine est atteinte après un mois. Nous invitons les mamans à nous amener les bébés pour la pesée hebdomadaire. Comme celle-ci s’accompagne « bons points qui seront transformés en savons, vêtements, etc… elle a vite du succès. Pas de complications, car tout se passe sur une table rustique, à l’ombre des manguiers.
Pour la consultation prénatale, il faudrait une table d’examen qui pourrait éventuellement servir de maternité, au début. Près du dispensaire, se trouve une hutte de 3 m sur 4, dotée d’une ouverture (fenêtre) de 30 cm sur 30, qu’on ferme par un battant de bois. Quelle aubaine, c’est trouvé ! Quelques planches de bois, en plan incliné sur 4 poutres solides, feront le complément indispensable. Prudemment et lentement l’une ou l’autre mère arrive pour un examen prénatal, mais ensuite on ne la voit plus.
La question se pose dans les villages voisins : « Une sœur infirmière qui n’a jamais eu d’enfants elle-même, peut-elle aider à mettre au monde les enfants des autres ? ». Une femme hardie se décide enfin. Assistée par la sœur, après un temps relativement court, elle donne le jour à un beau garçon de 3 Kg 200. La grand-mère du bébé qui, selon la coutume, est restée aux cotés de sa fille pendant tout le travail, est au comble du bonheur. Elle sort de la hutte, en criant, chantant et dansant. Bientôt tous les habitants des environs sont là pour faire la fête dans la joie parfaite !
Entre-temps un bâtiment en dur est construit pour la maternité. Il comprend une chambre d’accouchement et une salle attenante, avec 5 beaux lits en métal, qui seront régulièrement occupés.
Un soir, on nous apporte un bébé de quelques jours, dont le père est esclave d’un riche commerçant et la mère vient de mourir. On a confié la petite fille à son frère de sept ans, mais il succombe sous charge. Deux vieilles se décident d’amener le bébé et son gardien à la mission. C’est de grand cœur que nous accueillons ce cadeau inattendu. Le nouveau bâtiment de la maternité leur servira de logis. Du coup les deux enfants auront des multiples mamans, car, en plus des sœurs, toutes les femmes qui passent près de là vont les choyer et gâter ! Au fil des jours, la petite ‘Kashal’ devient une jolie et gentille enfant qui commence à connaître et aimer Jésus et sa mère…
Voici, par ailleurs, d’après la même source, les noms des sœurs franciscaines qui ont œuvré à Kapanga :
Sœur Jérôme (ANNA HEYNEN), Responsable ; Sœur Jean-François (IRMA HELDERWEIRDT) ; Sœur Joseph Auguste (MARIE-JOSE HEYNSSENS) ; Sœur Claudiantonia (GREGORIA GARCIA ALBENIZ) ; Sœur Guddène (DELPHINE VAN BERGEN) ; Sœur Jean-Bosco (ANGELE MAYENS) qui fut remplacée six mois après par l’espagnole Sœur Fernanda Marta (MARIA DE LA GUADELOUPA).
EN RESUME :
Au-delà des récits anecdotiques, en quoi a consisté l’apostolat des franciscaines à Kapanga ? Il y avait, bien sur avant tout, la catéchèse donnée aux enfants ainsi qu’aux enfants ainsi qu’aux adultes. Les sœurs ont apporté aussi leur contribution aux deux sacristies de Ntita et de Musumba ; elles ont animé des célébrations eucharistiques par la formation des chorales pour garçons et filles, enseigné la religion à l’école primaire, aux foyers pour femmes et jeunes filles. Elles se sont chargées du dispensaire et des visites à domicile avec bribes de conversations religieuses occasionnelle.
Des difficultés…
Comme nous l’avons souligné pour la branche masculine, à l’arrivée, la langue a constitué un handicap sérieux pour les sœurs dans l’accomplissement de leur apostolat. Il fallait apprendre le lunda à la volée, sans livres (c’est inexistant pratiquement), ni grammaire écrite. Pour ce qui est du travail médical, elles soulignent qu’il y avait des difficultés à commencer un petit dispensaire dans une zone située à 5 Km de Musumba où la mission Méthodiste était vraiment florissante à tout point de vue : elle était dotée de plusieurs médecins américains et plusieurs infirmiers(e) et autochtones. La collaboration ? N’y pensez pas : c’est plutôt la rivalité.
Des joies…
Malgré tout, les sœurs étaient bien contentes de leur nouvelle mission en terre lointaine. Pendant dix ans, elles vont œuvrer à Kapanga. Il n’y avait pas que des problèmes, voyez aussi ces moments exaltants :
- Bénédiction de la chapelle et du couvent et première exposition du Très Saint Sacrement avec adoration eucharistique (4 oct.1948).
- Installation officielle rehaussée de la présence de Monseigneur STAPPERS, de la Supérieur Provinciale et de l’Empereur des lundas.
- A Noël, réussite d’une chorale d’enfants faisant bonne impression sur une foule compacte qui avait pris d’assaut l’église.
- Les dimanches, il y a des récréations joyeuses, avec animations diverses : comédies et fous-rires entre les sœurs.
- Célébrations des baptêmes et premières communions d’enfants préparés par les sœurs.
Oui, autant les croix existent, autant on est consolé des rameaux des événements heureux qui font chanter la vie des missionnaires.
Mais, dix ans de tant des bienfaits, ca passe vite. En l’espace d’un rêve, dirait-on, les franciscaines qui semblaient si exubérantes pour cette mission, pliaient déjà bagages, elles quittaient définitivement Kapanga en 1958. Elles ont ouvert le chemin, laissant à leurs consœurs F.M.M s’en vont à Dilolo-Gare où Monseigneur STAPPERS leur avait demandé, quelques années auparavant, de commencer une nouvelle communauté.
CHAP 7 LES SŒURS SALVATORIENNES
Le 16 septembre 1958, les sœurs Salvatoriennes qui venaient de recevoir en Belgique, la croix missionnaire, débarquèrent à Ntita. Quatre jours auparavant, elles furent reçues à Rome par le Pape Pie XII qui leur accorda sa bénédiction. Elles quittèrent donc Rome, le 12 septembre 1958 pour Kinshasa. Puis elles sont arrivées à Kamina par avion où les attendait le Père léonard VAN ERP avec sa camionnette. L’aventure commençait ce jour-là, à la découverte de leur nouvelle terre de mission. Il fallait parcourir 510 Km pour atteindre Kapanga. Le 16 septembre, elles furent accueillies à Ntita. La sœur HELENA, membre de la première équipe raconte :
« Une foule d’adultes et d’enfants nous attendait et nous accueillit dans l’allégresse. Nous étions heureuses de rencontrer ce jour-là Mgr KEUPPENS à Kapanga. Il nous souhaita la bienvenue. Nous étions au nombre de quatre : SŒUR GENEROSA ROSIER (la Supérieure), SŒUR CHRISTIANA GIELEN, SŒUR ANGELINE VAN ROOY et moi-même, SŒUR HELENA BAKKERS. »
A Kapanga les nouvelles venues trouvèrent les franciscaines en partance. Cependant, deux d’entre elles devaient rester encore deux mois pour initier les Salvatorinnes à la vie chez les lundas en Afrique. Il s’agit des sœurs Fernanda Marta et de sœur Joseph Auguste.
Sœur Helena raconte qu’une semaine après son arrivée, elle effectua sa première tournée de contact dans les villages de brousse. Elle avait déjà appris la brève formule de « Mu dijin dia Tatuk… Au nom du Père… »
Dans l’abaissement habituel du travail missionnaire, ces servantes du Seigneur se dévoueront avec la dernière énergie à leur taches.. Elles ont palpé notre misère et partagé nos souffrances. Elles ont connu l’angoisse de la guerre…
La Sœur Helena fut la dernière à quitter la terre africaine en 1990. Nous l’avons trouvée à Kapanga peu de mois avant son retour définitif en Europe. Elle a vécu 32 ans dans cette mission : « Kapanga est devenu et restera un chez-moi », a-t-elle déclaré le jour que nous lui disions au revoir au réfectoire des Sœurs à Ntita.
Mais la congrégation salvatorienne est toujours là. Pendant des années, des sœurs vont se succéder à Ntita : Sœur Huberta, Sœur Christophora, Sœur Elise… et aujourd’hui les sœurs Anita, Damiana, Caroline sont en train d’incruster, en lettres d’or, leurs noms dans les annales salvatoriennes.
Entre-temps depuis les années 1980, la congrégation prend de plus en plus des couleurs congolaises : elle a accepté enfin d’accueillir en son sein des jeunes religieuses zaïroises. La première à franchir la porte fut la sœur Justine Mbuyi, suivie de Maria-Petra née Justine Kaloba, Georgette Kon, Adolphine Museng. Ce premier groupe fut formé en Autriche.
En 1991, deux jeunes postulantes furent envoyées en Tanzanie pour compléter leur formation : il s’agit des sœurs Agnès Kaind et Thérèse Nyemba.
Ntita ne cessa plus d’etre une pépinière des vocations, jusqu’à ce jour. Neuf jeunes filles se préparent en ce moment dont quatre postulantes : Astrid Mand, Marie-louise Yind, Thérèse Tshakatumba, et Florence Katam ; et cinq aspirantes : Jacqueline Mwakasu, Pascaline Kabid, Georgette Mamou, Cécile Kon et Françoise Nsong.
Ainsi la Congrégation s’enracine et s’internationalise à Ntita où vous trouverez facilement l’Italienne Thérèse CIBA taquiner allégrement sa consœur Autrichienne Anita ou la zaïroise Astrid Mand ; et la polonaise Damiana rivaliser de coudes à retourner la terre avec ses jeunes postulantes et candidates zaïroises.
En Aout 1991, la Communauté eut la joie de recevoir la visite consolatrice de la Mère Générale de Rome, l’Américaine madre Jean et sa délégation.
En 1992, c’est la période trouble où des partis politiques tel que l’UFERI s’attaquent aux ressortissants Kasaiens ; ainsi le 19 septembre de cette année-là, les Sœurs Salvatoriennes se sentirent contraintes de plier bagages. Elles s’en allèrent, une partie à Kalamba et une autre partie à Kolwezi. Le grand Couvent de Ntita fut déserté, l’abandonnant à la garde peu rassurante des militaires. Mais bientôt elles ne tarderont pas à revenir et continuer la mission…
Alain Kalenda Ket
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